Dans le brouillard

la vie à Saint John dans les maritimes, ou des nouvelles de claudine

27 septembre 2006

Bateaux de croisière

Je reprends doucement ma vitesse de croisière après un périple épuisant (mais inspirant) à New York. Nous avons d'abord passé quelques jours à Baltimore où Christopher avait une exposition de ses lettres au premier ministre. Ça c'est une ville étrange: dans l'un des quartiers que nous avons traversés, au moins 75 % des édifices étaient condamnés, fenêtres placardés et portes briquées. Nous avons visité l'aquarium, qui était hyper charment. Je vous mettrai des petits films d'hippocampes (j'ai du passer 1/2 heure devant leur bassin, Chris n'en pouvait plus de m'attendre, mais ils sont tellement mignons!) quand j'aurais découvert comment faire.




À New York on a magasiné un peu, mais on a surtout fait le tour des galeries à Chelsea, puis on a été au musée d'art contemporain PS1 à Queens. Franchement New York est une source inépuisable pour la culture, l'inspiration. Je comprends les écrivains et artistes d'y élire domicile. Je suis brève à ce sujet, mais vous pouvez lire, au bas de ce message, un article que j'ai écrit pour le journal provincial (Telegraph Journal) qui sera publié ce samedi. L'éditrice de la section "Style-voyages-déco-potins-arts-culture-et-tout-ce-qui-ne-va-pas-ailleurs est une amie et elle m'a demandé d'écrire un court article sur mn séjour.

Je passe la journée au bureau aujourd'hui, et d'où je suis j'ai une vue ouverte sur le port. Et parlant de croisière, il y a longtemps que je voulais parler des bateaux de croisière qui amarrent à Saint Jean pour une journée. Aujourd'hui il y en DEUX!!! Ce sont de gigantesque mastodontes, aussi grands que la ville. Tout le monde se demande ce qu'ils viennent faire ici, mais apparemment ça fait rouler l'économie. Le plus étrange c'est la façon dont la ville se transforme pour accueillir les touristes des bateaux. Quand ils sont là, ça se sait: la ville se métamorphose en une espèce de théâtre pour touristes, avec calèches, autobus nolisés, marchés d'artisanat... Les rues se remplissent d'Américains gros et bruyants qui font des photos de chaque moindre édifice vieillot qui se trouve à bout de nez. Il y a même un joueur de cornemuse qui s'installe le long du port et qui joue sans cesse les mêmes airs (moi ça me tape royalement sur les rognons), et le saxophoniste de service qui se balade dans les rues avec ses airs tristes. La dernière fois que je suis allée voir ça de plus près pour faire des photos, je suis tombée sur un karaoké grotesque où les visiteurs se dandinaient sur une petite scène aménagée juste pour eux. C'est assez étrange, faut le voir. Il semblerait également que la saisons ne se termine que fin octobre, donc il nous reste tout un autre mois de cette mascarade. Je vous mets les images prises début septembre.






Pendant mon voyage j'ai lu le roman "Extremely Loud and Incredibly Close" de l'auteur new-yorkais Jonathan Safran Foer, créateur du délicieux "Everything is Illuminated". Le style est bien de lui, le bouquin a ses longueurs, mais ça se lit vite et ça m'a tiré des larmes...

Je dois y aller, je rencontre Christopher pour diner. La semaine est occupée, mais quelle libération de ne plus rien avoir à faire avec Home Depot! Je jubile. À plus.



Gallery Hopping NY-Style

I am a strong believer that New York is an inexhaustible city that will always be one of the greatest metropolises of the world with a bottomless pool of places to visit. My fiancé and I make a yearly pilgrimage to the Big Apple, and we always make sure to spend an afternoon in the Chelsea art gallery district. This year, as we wandered the West Side, we noticed that we weren’t alone with maps and tote bags full of postcards, booklets and press releases: Chelsea has become a premium destination for visitors thirsty for something different. And they have no hesitation stepping into the white cube.

The Chelsea district of Manhattan gradually became, over the past 15 years, the new SoHo. In the 1960s and 70s, the abandoned industrial buildings of the district located SOuth of HOuston Street, were taken over by artists for their large lofty space and cheap rents, and was host to the Yoko Onos and Andy Warhols of this world. But gentrification took its toll on the area and by the end of the 80s, artists and galleries migrated Northwest, leaving the cobbled streets to trendy and expensive cafés and designer boutiques. Today Chelsea is host to more than 200 galleries, and the number keeps growing.

We started our journey stepping off the A train at West 14th, where Tom Otterness’s Life Underground installation of quirky and cartoon-like mini bronze sculptures adorn every hidden corner of the station. We armed ourselves with a copy of the Chelsea Gallery Guide, available in every gallery in in the area and updated bimonthly with the new shows, and sat down at a coffee shop (beware of the $3US espressos!) to determine our strategy. Most galleries being located between 10th and 11th Avenues and 19th and 28th Streets, we headed North.



It was reassuring to see other runner-wearing tourists, maps in hand, looking for a specific gallery on the 4th floor of a building tucked away between Heavenly Body Works and Clean Taxi Car wash. Indeed, the streets of Chelsea don’t immediately convey the image of a high-end gallery district. You find the building and nose around the floors. In bitforms gallery we discovered fellow Canadian Rafael Lozano-Hemmer’s efficient installation: 10 tied round belts hanging from the ceiling at equal heights, linked to a sensing device in such a way that when the viewer walks around the installation, the belts follow him or her, buckle in the front, creating the illusion of being watched by a little army of invisible men.

At times I felt like the sheer quantity of galleries makes it hard to decipher the good art from the bad. But hopping from one gallery to the next, my eye became more astute to what I liked. Throughout the afternoon I was mesmerized by photographs from famous Brazilian artist ViK Muniz: in a factory space somewhere, he used everything industrial from bolts and nuts to rusty steel barrels to create the outlines of human figures inspired by ancient Greek imagery. I was enthused by the monumental installation of yellowed paper sculptures by Korean artist Kwang-Young Chun.

After three or four hours of seeing the most eclectic mix of photography, paintings, drawings, and installations, our legs became tired and we stopped to have a bite at a 10th Ave classic: the Empire Diner. We sat on the terrasse, reviewing all the leaflets we collected along the way, observing the gallery workers coming in for lunch or innocently eavesdropping on informal business meetings. The sun was shining on the streets of Manhattan, and we enjoy a well-deserved rest before getting back on our feet.

The Chelsea Hop filled my head with new ideas and inspiring images. Away from the commercial and fast-paced streets of SoHo or the Lower East Side, I almost had the illusion of being a native New Yorker: I could speak in “Aves” and give directions to the closest subway stops. And my journey wasn’t over. Art is everywhere in Manhattan, and you barely have to make an effort to run into it. If you know where to look, that is.

If you go to New York in October, see this (all free):

1. Bristish artist’s Anish Kapoor’s Sky Mirror is on display until October 27th at the Rockefeller Center: An impressive 35-foot-diameter concave stainless steel mirror inclined so that when you look into it from the end of the alley, you can see the reversed reflection of the top of the Rock Tower, and the sky around it.



2. Until October 21st : Kwan-Young Chun, “Korean Mulberry paper painting and sculptures” at Kim Foster Gallery, 529 W. 20th Street, Chelsea.
3. Until October 14: Vik Muniz, “Pictures of Junk” at Sikkema Jenkins & Co Gallery, 530 W. 22nd Street, Chelsea.
4. Until October 21st: Rafael Lozano-Hemmer, “Standards and Double Standards” at bitforms gallery, 529 W. 20th Street, Chelsea.
5. Stop for a bite and a brew at Empire Diner, 210 Tenth Avenue, between 22nd and 23rd Streets.

25 septembre 2006

À la chasse aux pommes

Nous sommes rentrés de New York vendredi matin et je n'ai pas trop eu le coeur de me remettre à mon ordi - j'ai fait une petite overdose avant mon départ, à force de passer des 12 et des 15 heures au clavier. J'espère que vous n'avez pas abandonné la lecture du blogue faute de nouveaux messages! J'ai des taas de choses à raconter, mais ce sera graduel. Je mettrai également plusieurs photos sur mon site flickr aujourd'hui ou demain, je vous enverrai l'adresse quand ce sera fait.

Nous avons loué une voiture pour le weekend question de faire des courses et d'être un peu mobiles. Hier j'ai traîné Chris en randonnée dans la parc de Fundy - c'était extraordinaire! Les odeurs de terre mouillée, de mousse et de feuilles mortes mélangées - wow, mon parfum idéal. Après la randonnée j'ai voulu aler cueillir des pommes. Je suis certaine que vous savez tous à quoi je pense: un après-midi ensoleillé dans les cantons de l'Est, à s'arrêter à tous les petits marchés de fruits et légumes frais, à boire un café dans le village de Sutton, à se joindre aux milliers de "yuppies" Montréalais qui viennent respirer l'air de la campagne et admirer les feuilles avant de retourner dans bain urbain.

Nenni de tout cela ici. Nous avons cherché les pommiculteurs pendant deux longues heures sur des routes tristement désertes malgré les payasages magnifiques. Quand nous avaons finalement réussi à nous rendre dans un verger qu'une dame dans un dép nous avait indiqué.... FERMÉ! En plein mois de septembre! Comment est-ce possible? Alors nous nous sommes arrêtés dans une station service et avons demandé à un vieux assis sur le perron ce qui se passe. Les vieux savent plus que tout le monde. En effet, il avait une idée de ce qui arrivait cette année, la première où les deux principaux pommiculteurs du coin étaient fermés pour les passants et la cueillette individuelle. D'après lui, la rumeur qui court est que Wal-Mart aurait acheté toutes leurs récoltes d'un coup pour vendre dans les méga magasins du nord des États-Unis. Je vous le jure, quand j'ai entendu ça, je n'ai pas pu retenir mes larmes.

Nous avons donc roulé une de plus pour finalement trouver un verger. Je suis rentrée avec deux gros sacs de MacIntosh et de Cortland à transformer en compote, mais je pense que hier soir, mon coeur était plus lourd que mes pommes...

11 septembre 2006

Sur la corde à linge

Lundi 16h. J'ai dormi trois heures la nuit dernière, et je n'ai pas fait la fête,non:j'ai terminé un gros contrat qui devait prendre une heure et qui m'en a grugé 7. Ma seule activité de dimanche: l'épicerie et le poulet du souper. Je suis déjà crevée et ce n'est que le début de la semaine!

Nous avons commencé à présenter des films les lundis soirs à la galerie. Comme on est le 11 septembre, nous avons choisi Fahrenheit 9/11 de Michael Moore, mais à bien y penser, si c'était à refaire j'aurais fait passer un film sur le coup d'état chilien, qui a aussi eu lieu un 11 septembre 1973, avec l'assasinat de Salvador Allende. En fait, à cette date il y a 5 ans, j'avais traduit de l'espagnol, pour monter mon portfolio, un texte de Gabriel Garcia Marquez sur le 11 septembre de l'Amérique du Sud intitulé "Come te sientes"". Je le mettrai en ligne quand je le retrouverai, je pense qu'il doit être sur une disquette quelque part (oui, oui, une DISQUETTE!)

Mais je vous colle plus bas une lettre de commentaires envoyée au journal local ce matin - en anglais bien entendu. Elle sera publiée demain.

Il fait beau à Saint John mais il y a ce petit froid automnal dans l'air. Je ne sais pas si la saison des bateaux de croisière est finie.... Je vous reparlerai dans un autre message de ce phénomène étrange. Là je vais à mon cours de yoga!

PS - D'où ça vient cette expression, "sur la corde à linge"?


To the editor,

I am only starting to be familiar with your paper and it allows me to be in touch with my adoptive community of Saint John. It is with irritation I read an opinion piece by Charles W. Moore, whom I understand is one of your regular and appreciated contributors. On Thursday, September 7, Mr. Moore belligerently opened his article by saying that “NDP Boss Jack Layton says that the federal government should pull our troops out of Afghanistan by February, failing to indicate why he picked that particular date. Probably off the top of his head”.
I believe all types of reporting are crucial to the delivery of a varied and intelligent source of information. But in this case, I read only disinformation: Mr. Layton was referring to February 2007 because that was the date the Canadian mission to Afghanistan had originally been scheduled to end before Stephen Harper’s Tories pushed the issue out of the electoral way by hastily extending the date to 2009. There is no randomness in this case if only in Mr. Moore’s eagerness to ridicule the leader of a party he does not support. And this is where the journalism becomes disinformation and misleads the readers.
I certainly hope that others, like myself, who were startled by the impulsive anger in Mr. Moore’s words, had the opportunity to read Ms. Chantal Hébert’s insightful piece published the next day. Ms Hébert’s reporting is in every way ethical to my expectations of what should be found in a provincial newspaper of your caliber: a sharp analysis and a factual approach that leads to a flawless and opinionated argument. In the exact same premium spot, Ms. Hébert aptly points out that “By committing quickly to an extension, Stephen Harper has foreclosed on the option to bring the troops home in February as had originally been planned, leaving him with no political exit strategy from the Afghan file.” [my emphasis] There is something here to be said for fact-finding.

Claudine Hubert
Saint John

09 septembre 2006

ronds de lumière

c'est une photo que Jasper, l'artiste hollandais qui était en résidence à la galerie pendant tout le mois de'août, a prise de moi dans le bar.



clo ronds de lumière
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Kayak de mer

Une autre soirée de fin de semaine à la maison - je me surprends! Je suis sortie plus tôt, et toute la ville vibrait au son du country, enveloppée de son voile de brouillard. Il y avait un concert au studio de yoga de mon ami Jay, et il devait y avoir 80 personnes, des gens qu'on ne voit jamais là-bas, des fans de country de la banlieue. Jay, à son habitude, préparait inlassablement de quoi nourrir ses invités. Cette fois c'était une grosse poche de blé d'inde. Il portait son kilt: c'est signe d'une soirée qui s'annonce arrosée...

Je suis allée faire un tour à une soirée chez Jen Waldschutz, qui avait organisé un petit "get-together" en l'honneur de notre candidat conservateur, Idee Inyagudor (les élections ont lieu le 18 septembre). C'était vraiment étrange, très pincé, conservateur, quoi, et pas du tout à l'image d'Idee. Idee est le SEUL candidat d'une minorité visible au NB (il est Noir, moitié Jamaïcain, moitié Nigérian). C'est aussi le seul candidat de Saint John centre qui soit venu à au moins deux vernissage à la galerie depuis nos débuts. Je l'aime beaucoup et j'aurais voté pour lui s'il avait été candidat libéral. Malheureusement il n'a aucune chance ici, pas que SJ soit particulièrement libérale, mais les électeurs s'attachent à une personne, et le candidat Libéral Ed Doherty est très apprécié - il est ophtalmologue. Nous avons voté hier puisque nous serons à NY le 18.

Nous sommmes allés faire du kayak de mer aujourd'hui (voir les photos plus bas). C'était magnifique! Je n'en avais jamais fait avant, seulement en rivière. Les marées ici sont les plus hautes du monde (jusqu'à 30 pi) et aujourd'hui il avait beaucoup d'eau alors nous n'avons pas pu aller partout où le guide voulait nous emmener, mais nous avons au moins pu entrer dans quelques grottes. Les parois de la côte sont spectaculaires: elles sont faites de strates de grès rouge et de strates de pierres déposées par les glaciers. Je pensais avoir très peur d'être ainsi lâchée en haute mer, mais le kayak était stable et les vagues nous berçaient tout doucement le long des falaises. Chris a eu un peu le mal de mer parce qu'il est rentrée à 4h hier et qu'il était un peu lendemain de veille... Hi hi, mais il a bien fait sa job de capitaine - il dirigeait le kayak à l'arrière du tandem.

Chris travaille au bar ce soir. Nous avions prévu passer une soirée tranquille à la maison mais il vient de m'appeler pour me demander si j'avais envie d'aller à un party après son shift. C'est sur que ça me tente... On verra, j'ai beaucoup de travail demain, encore.






En remontant Charlotte

La journée a été bien longue, comme les autres cette semaine. Il me reste 5 jours de Home Depot, après c'est fini pour toujours! Ça m'a vraiment grugée ce contrat.

J'arrive tout juste à la maison. C'est la fin de semaine des Country Music Awards et toutes la ville swingue aux rythmes country et les badauds portent bottes et chapeaux. Je n'ai pas tellement envie de me mêler à la foule ce soir, mais j'ai bien rigolé en regardant les deux filles hyper soûles essayer de remonter la côte dans leurs stilettos roses nanane. Je suis allée voir Jessica Rhaye jouer au restaurant Thandi où on ne mange jamais; elle est ma coloc de bureau, et si je n'aime pas trop son style, elle a une voix portante et un tout petit peu rauque comme j'aime bien.

J'ai pris quelques photos de vitrines sur la rue Charlotte en remontant vers la maison. Ça me fascine les vitrines éclairées la nuit. Les magasins sont abandonnés, les objets semblent encore plus statiques et intutiles dans leurs arrangements ridicules. J'imagine que c'est la même réflexion qui a inspiré les créateurs de Magasins de jouets.






Les chats sont trop drôles: depuis qu'on a rasé Kuan et qu'on a tout changé les pièces de l'appart, elles se courent après, se font des attaques surprises d'un côté et de l'autre du lit, et elles y montent toutes deux pour dormir avec nous. On devient vite gaga avec des chats à nos côtés.

Mon autre coloc de bureau, Mark (on est 4 personnes en tout), a trois chats. L'un deux a un genre d'infection du foie et ne mange plus. Croyez-le ou non, Mark nourrit le chat toutes les trois heures à la seringue! Et maintenant que le chat semble vouloir se faire mourir d'anorexie, le vétérinaire lui a installé un tube dans l'oesaphage pour que la bouffe liquéfiée lui arrive direct dans l'estomac. Et par-dessus le marché, les 2 autres matous ont ramenés des puces dans la maison et ils ne peuvent pas fumiguer parce que le chat malade prend des antibiotiques. Promis, je n'invente rien!

On s'en va faire du kayak de mer à Saint Marten's demain avec Bill et Signa, nos voisins.